Alors que les députés sont en vacances, en fin (presque) de mandat, ça se discute au sein du bureau de l’ARP d’augmentation de primes pour les élus. Et cette augmentation serait de 4 millions de dinars. La nouvelle n’est, bien sûr, pas passée inaperçue et l’indignation était au rendez-vous, pour deux raisons essentielles : la première, les députés sont les plus au fait de la situation déplorable des finances publiques et du taux d’endettement de l’Etat et pourtant, ils signent ainsi leur deuxième augmentation de primes dans le même mandat ; la seconde : le parlement est en fin de mandat et ce timing suscite inévitablement des interrogations sur les visées de cette initiative. Il faut aussi se rappeler que cette augmentation est décidée au moment où les grèves se suivent et se succèdent pour des augmentations de primes ou de salaires.
L’indignation est là, encore, parce que cette prime est, en fait, une composante des augmentations décidées par l’ARP, adoptées le 30 mai dernier, et dont le volume global atteindrait la barre des 12 millions de dinars, soit une augmentation totale de 27%. Dans ce package, il faut compter également l’augmentation des frais de mission des élus et une autre décision, plus justifiée celle-là, l’élévation du nombre d’assistants parlementaires qui devrait passer de trois par bloc parlementaire à un pour sept députés. Certes, l’ARP jouit de l’autonomie financière et administrative depuis la promulgation de la loi organique du budget en octobre 2018, mais il y a lieu de s’interroger sur le comment du pourquoi. Où trouver cet argent ?
Certes, la dégradation du pouvoir d’achat n’a épargné personne, quel que soit le statut social, et l’on peut comprendre que les députés revendiquent un ajustement de leurs revenus. Sauf que les caisses de l’Etat peinent à se remplir et l’écart se creuse entre la couche sociale du bas de l’échelle et celle du haut, sachant que celle du milieu, qui servait de soupape à l’économie tunisienne, a disparu et qu’une frange de nouveaux riches est apparue à la faveur de la prolifération de la contrebande et de toutes sortes de trafics illicites.
La précision à faire ici est que ces augmentations sont encore au stade de recommandations pour le budget de 2020, formulées par l’opposition représentée au sein du bureau de l’ARP par l’élu du Courant démocratique Ghazi Chaouachi, responsable aux affaires des députés, et qui devront être examinées par le gouvernement et en séance plénière. Si bien que des députés contactés pour avis affirment ne pas être informés de telles recommandations. Ils s’interrogent même sur l’utilité de discuter et de décider maintenant, en fin de mandat législatif, d’augmentation de primes pour le compte des futurs députés qui seront élus en octobre prochain. A moins que l’on se voie déjà dans le prochain parlement.